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TÉMOIGNAGES ÉCRITS

TÉMOIGNAGE D'ANTOINE

Lorsqu’on se remet peu à peu d’une psychose, il est difficile d’admettre initialement que nous avons pris un peu de poids, ou beaucoup. Il est difficile de même réaliser que nous sommes au ralenti, que nous avons besoin de temps, de beaucoup de temps pour récupérer. On se croit par moment guéri instantanément. Et quand nous ne sommes pas dans le déni carrément, on se refuse de croire que ça va revenir, qu’on va être capable de suivre une conversation pendant des heures, de lire un livre au complet en quelques jours ou d’étudier pour un examen et réussir haut la main… des choses que l’on faisait si facilement avant. On n’y croit pas. Mais après 5 ans de rémission, sans rechute, de stabilité et de croissance personnelle, on se rend compte que non seulement on a récupéré tout cela, mais qu’on est changé, comme mieux. On se connaît beaucoup mieux soi-même et on ne refait plus les mêmes erreurs. 

TÉMOIGNAGE DE LAURA

Une des choses les plus difficiles à accepter pour moi a été de ne pas pouvoir revenir « comme avant ». Au début j’ai cherché et cherché à reprendre les mêmes activités, de fréquenter les mêmes amis, de retrouver le même copain que j’avais laissé plus d’un an avant. Entêté, je ne voulais rien accepter d’autre. Pourtant, petit peu par petit peu, j’ai fait de la place à la nouveauté dans ma vie. Pendant 4 ans, je me suis laissé découvrir des nouveaux intérêts, un nouveau programme d’études que j’adore, de nouveaux amis… peut-être moins d’amis en quantité, mais seulement des vrais amis qui ont les mêmes valeurs que moi. Et on finit par trouver quelqu’un qui nous comprend et qui ne nous met pas la même pression qu’avant. Selon moi, le mot d’ordre est d’être ouvert d’esprit.

TÉMOIGNAGE DE FRED

Si je me regarde avant et que je me compare à maintenant, avant j’agissais beaucoup sur des coups de tête, j’étais très impulsif, mais maintenant…mes décisions sont beaucoup plus réfléchies. Avant de m’embarquer dans quelque chose je vais vraiment évaluer la situation. Je suis beaucoup plus calme que je l’étais. Ce que ça fait, c’est qu’avant, je m’embarquais dans des trucs que je n’arrivais pas à accomplir, j’étais déçu et j’étais down et je perdais confiance en moi. Maintenant j’entreprends des choses relativement plus faciles, mais que je réussis et ça me donne confiance en moi et j’entreprends de nouvelles choses après. L’épisode que j’ai vécu m’a permis de mieux me connaître, oui, mais aussi de prendre de meilleures habitudes et avoir des attitudes plus positives.

TÉMOIGNAGE DE DELPHINE

Tête hors de l'eau

« Il n'est pas anormal de ressentir de la colère, de la tristesse, de la peur, de la honte, le problème, c'est d'être submergées par elles.» -Dr Christophe André

 
Quand ces émotions tentent de me noyer, comment puis-je faire pour garder la tête hors de l'eau le temps d'atteindre la rive? Les outils acquis durant mon suivi avec mon équipe à  la clinique JAP, ne  m’ont pas appris à éviter le courant, mais plutôt, ils m’ont appris  à naviguer à travers le beau temps et la tempête pour me rendre à destination.

Une vie bien remplie peut comporter beaucoup d'épreuves. Parfois si on est trop dur, on risque de casser comme un saule face au vent. Il faut prendre exemple de  la sagesse du roseau qui, flexible, se laisse bercer  par la pluie et l'orage sans jamais se déraciner.

TÉMOIGNAGE DE HUGO

Oui, j’ai pris pas loin de 60 livres en 1 an, en raison de la dépression elle-même et des médicaments. Mais je les ai toutes perdues en un peu moins de 3 ans et je suis maintenant 2x plus en forme qu’avant, et surtout je mange mieux en général. J’ai arrêté de fumer et je bois rarement. J’ai développé un intérêt marqué pour l’entraînement et la nutrition, et cela… « grâce » à la psychose! Il faut voir toutes les choses qui nous arrivent d’un point de vue positif et pour cela, il faut prendre du recul. Beaucoup de recul, comme des mois ou des années. Et c’est là qu’on réalise le chemin parcouru. 

TÉMOIGNAGE DE LOUIS

Lorsqu’on prend un médicament qui a des effets secondaires comme la perte de poids et les troubles de concentration et de mémoire et ce, pour la vie, il vient pour tout le monde, à un moment ou à un autre, l’idée d’en prendre moins ou de l’interrompre. On se dit qu’en y allant graduellement, on pourra garder le contrôle sur des éventuels symptômes et ajuster le tir. Et j’ai dû l’apprendre à mes dépens. En effet, j’ai graduellement commencé à diminuer un de mes médicaments (le Seroquel), qui n’était qu’un des médicaments que je prenais. Ce que je n’avais pris en considération, c’est tout le reste. J’ai perdu beaucoup de poids à ce moment, j’ai commencé à faire beaucoup d’exercice et modifier mon alimentation. J’ai aussi réintégré les cours, ce qui était une source de stress supplémentaire. Je me disais que le lithium serait suffisant à lui seul pour me protéger. Et bien non. Quelques mois plus tard, je me suis moi-même rendu à JAP pour faire état de mon humeur très élevée, de ma difficulté à dormir et de mes idées qui allaient toujours de plus en plus vite de manière désordonnée. Si j’ai un message à faire passer, ce n’est pas de toujours accepter les doses actuelles de médication et de ne jamais essayer de les modifier. Par contre, le faire en en parlant à son médecin, comme j’ai fait par la suite, s’avère TOUJOURS une meilleure idée. Et ce qui m’a le plus surpris par la suite, c’est l’ouverture de mon équipe traitante à modifier les médicaments, essayer des posologies différentes, sous supervision.

TÉMOIGNAGE DE CLAUDIANE

Ce qui est difficile dans la psychose, c’est qu’il n’y a rien de clair, rien d’évident… ça n’a rien à voir avec ce que l’on voit dans les films. Ça prend du temps à diagnostiquer, c’est très subtil et ça prend quelqu’un qui est très sensible à des petites manifestations, très à l’écoute, et je pense que c’est là que l’intervention précoce et le fait de consulter a eu un effet positif dans le cas de mon fils, car plus on traite précocement, plus on met les chances de notre côté.